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Pourquoi je rejoins le Parlement de l’Union Populaire

AURELIE TROUVE ITV

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La figure de l’altermondialisme rallie la campagne de La France insoumise et devient présidente du parlement de l’Union populaire. Elle explique à «Libération» les raisons de son choix.

Octobre 2021 : Aurélie Trouvé informe le Conseil d’Administration d’Attac (Association pour la taxation des transactions financières et pour l’action
citoyenne) qu’elle rend son badge de porte-parole. Terminé les mouvements
sociaux. Les rumeurs fusent. On lui prête un engagement avec un candidat
à la présidentielle. Décembre : on la retrouve dans un café parisien. Aurélie
Trouvé nous annonce officiellement son ralliement à Jean-Luc Mélenchon. Elle prend la présidence du parlement de l’Union populaire qui regroupera 200 personnes tout au long de la présidentielle pour mettre en musique la campagne du candidat. Sa composition sera annoncée dimanche lors du meeting de Jean-Luc Mélenchon à Paris. L’ancienne porte-parole d’Attac nous explique ses motivations.


Comment passe-t-on d’Attac à la politique ?
J’ai toujours fait de la politique. Les deux sont nécessaires : les partis et mouvements sociaux. J’ai passé de nombreuses années à Attac, il était temps de passer le relais. La situation politique est inquiétante. Il y a une urgence aujourd’hui avec une droite dure et une extrême droite à un niveau très élevé. Durant ce quinquennat, en tant que militante, j’ai vécu la répression des mouvements sociaux. Une répression que le gouvernement utilise pour faire taire les voix qui s’opposent à sa politique de plus en plus antisociale et antiécologique. L’heure est grave.


Pour changer les choses il faut faire de la politique politicienne ??
Non. Je ne parle pas de politique politicienne, mais de politique au sens noble du terme, au sens de la vie de la cité. Attac a représenté une grande partie de ma vie en tant que bénévole. Aujourd’hui l’enjeu est majeur. Je souhaite contribuer à la conquête des institutions. Et le fait que je vienne des mouvements sociaux, ça apporte quelque chose.

Vous avez eu plusieurs sollicitations ces dernières années, de la France insoumise mais aussi des écologistes, pourquoi sautez-vous le pas aujourd’hui ?

J’étais en fin de mandat après 14 ans à la tête d’Attac et il est temps de transmettre le relais. Je veux faire de la politique autrement. Les mouvements sociaux doivent pouvoir s’amplifier. Ils occupent une place centrale dans la transformation du pays. Aujourd’hui, il est aussi nécessaire de créer davantage de passerelles entre les mouvements sociaux et les partis. On ne peut pas nier qu’il y a un problème, beaucoup de militants ressentent de la défiance envers les partis. Ça peut se comprendre mais tout ça doit évoluer. Il faut créer de nouvelles alliances. Je peux être une passerelle pour y contribuer. Tout en respectant l’autonomie des mouvements sociaux, que j’ai toujours défendue.

La France insoumise ça s’est fait naturellement ?
L’Union populaire?!

Oui mais l’Union populaire c’est la France insoumise.
Je m’engage parce que je suis en accord avec le programme, qui propose des mesures fortes et crédibles à la hauteur des enjeux écologiques, sociaux et démocratiques de la période. Le programme propose un vrai changement de cap, pas seulement à la marge. Je porte la planification démocratique,
écologique et sociale, la socialisation et la relocalisation, que je développe dans mon livre. Et je les retrouve dans L’Avenir en commun (le livre
programme de Jean-Luc Mélenchon,ndlr).

A quoi sert le «parlement» de campagne ?
Il a trois fonctions : travailler sur les plans, par exemple le plan sur la relocalisation ; dialoguer avec le candidat, Jean-Luc Mélenchon, en assumant une grande diversité dans le parlement ; monter des initiatives de soutiens. Le parlement va mêler tous les élus insoumis, des militants insoumis et un tas de profils comme le mien, qui viennent d’une autre histoire. Vous allez présider cette instance? Oui, mais je me vois davantage comme une animatrice et il y aura une équipe à mes côtés. Le parlement sera-t-il autonome?? Bien sûr ! Nous soutenons le programme et le candidat mais il y aura une liberté de paroles, nous allons créer le débat.

Quels sont vos liens avec Jean-Luc Mélenchon ?
On se côtoie depuis une dizaine d’années dans les luttes. Et tant que responsable associative, j’ai été amenée à dialoguer avec de nombreux responsables politiques. Récemment, nous avons eu plusieurs discussions sur mon engagement, mon rôle et ma liberté de parole pour faire vivre cette diversité dans le parlement. Il est au courant de tout ce que je porte puisqu’il a lu mon livre. Bien sûr nous ne sommes pas d’accord sur tout mais nous partageons l’essentiel !

Vous étiez à Attac et vous avez côtoyé tous les leaders de gauche. Pourquoi est-elle aussi faible ?
Je ne me retrouve pas dans le discours sur la faiblesse de la gauche. Pour moi la gauche ne s’arrête pas aux partis. Elle est aussi portée par les luttes, les mouvements sociaux. Je n’oublie pas qu’avant le Covid, il y a par exemple le mouvement contre les retraites et des victoires comme EuropaCity ou Notre-Dame-des-Landes. Il y a une véritable dynamique autour de luttes pour le climat, antiraciste, féministes et contre les violences policières. Lorsque je vois les sondages, les idées que porte la gauche et le programme de L’Avenir en commun emporte une grande adhésion. Franchement, je ne me résigne pas à la défaite. C’est pour cette raison que je m’engage. On ne pourra pas répondre à la colère sociale et à la crise démocratique sans un profond changement de cap. Je veux contribuer à ce que cette dynamique des mouvements sociaux se traduise dans les élections.

Vous n’avez jamais cru à la primaire populaire ?
J’ai fait partie de ceux qui ont soutenu l’idée d’un candidat en commun sur un programme de rupture. Mais aujourd’hui j’ai décidé de m’engager avec le candidat qui porte le programme qui correspond le plus à mes espérances.